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| | [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) | |
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Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Dim 11 Jan - 21:16 | |
| PROLOGUE
31 Décembre 2200, 11H55. En bas, des milliers de personnes s’agitaient. Du haut d’un immeuble, un homme, immobile, fixait cette masse grouillante. Vêtu d’un jean resté inchangé depuis de nombreuses années, de bottes montant jusqu’aux genoux, d’un tee-shirt noir et d’un long manteau kaki, ses cheveux, atteignant ses épaules, étaient agités par la rare bise que l’on ne pouvait sentir qu’à cette altitude. L’homme tenait dans sa main un tube métallique, reflétant la pâle lueur de la Lune qui filtrait à travers le rideau de pollution qui englobait la planète entière. Il émettait à intervalle régulier un signal lumineux rouge. L’homme fixa son regard sur un point lointain, que lui seul pouvait apercevoir. La myriade de lumières électrique qui éclairait l’ensemble gigantesque qui formaient la ville n’atteignait pas cette altitude. Pas plus que le vacarme incessant dont le réseau complexe de lignes de tramway et de TGV, qui filaient dans toute la cité comme une toile d’araignée, était la principale cause, se joignant au son des pas de ces êtres insignifiants, au son des usines disséminées à travers la capitale qui se nommait autrefois New York…. Isolé dans un monde de silence, l’homme ferma les yeux quelques instants. Un bip sonore le tira de sa rêverie, le faisant ouvrir les yeux. Des yeux d’un bleu aujourd’hui inconnu, d’un bleu tirant sur le gris. D’un bleu banquise.
« Aujourd’hui sera donc le commencement ». Cette phrase résonna quelques instants dans l’air immobile.
Relevant légèrement son bras droit tenant le tube métallique, qui possédait un interrupteur, l’homme contempla une dernière fois les nombreuses tours autour de lui. Puis il appuya.
Quelques centaines de mètres plus loin, un des géants de la ville trembla. Des flammes apparurent, brisant les fenêtres des six premiers étages. L’immeuble, touché à ses fondations, hurla sa douleur en s’effondrant, écrasant et broyant irrémédiablement les centaines de personnes qui, surprises, ne réagirent pas. Avant que quiconque ne réalise ce qui venait de ce passer, et seulement une dizaine de secondes après la première détonation, quatre autres bâtiments, situés au quatre points cardinaux par rapport au premier touché, implosèrent. Les étages inférieures furent détruit dès l’explosion, le reste s’effondra, aussi bien sur les passants que sur de nombreux trains. Les Géants tombaient, eux qui défiaient le ciel, réduit à néant en une minute.
Le souffle des explosions, masse d’air chaud, monta. Refroidit, il parvint tout de même à dégager un espace clair dans la « Seconde Athmosphère » de la planète. Un rayon lunaire se fraya un passage à travers le nuage jaunâtre, et tomba sur le visage levé de l’homme.
« Ils se sont prétendus maîtres de votre création. Laissez moi apporter la rédemption à ce monde! ». Sur Terre, on criait de douleur, les corps des blessés s’agitaient faiblement au milieu des membres brûlés et arrachés. La plainte des Déchus monta dans l’air, jusqu’aux oreilles du Dieu Vengeur.
En silence, l’homme se détourna des flammes qui montaient toujours, se détourna du Commencement de la Fin, et disparut dans la nuit.
Dans les cieux, les étoiles célébrèrent le début de cette croisade….
Dernière édition par Silverthorns le Lun 6 Avr - 21:05, édité 1 fois | |
| | | Rémi Président
Nombre de messages : 1904 Age : 38 Localisation : Marseille Date d'inscription : 10/02/2007
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Lun 12 Jan - 0:49 | |
| Franchement c'est pas mal, mais je suis resté un peu con au départ. J'attendais que ton récit est un rapport avec warhammer, résultat: pas du tout! En ce qui concerne le titre, j'admets que c'est toujours compliqué d'en trouver un. J'attends que tu ajoutes quelques paragraphes de plus pour te proposer une idée (dans l'ensemble, y'a toujours une personne qu'a de meilleures idées que moi ). Sinon l'ambiance Blade runner + 11 septembre est assez bien retranscrit. PS: 11 sept, c'est un peu violent comme comparaison :blt: | |
| | | Van der Schmoll Membre
Nombre de messages : 553 Age : 35 Localisation : Brest, nostalgique de Marseille Date d'inscription : 18/08/2007
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mar 13 Jan - 22:15 | |
| Il a pas l'air bisounours le monsieur ! Ou alors c'est un marseillais indépendantiste qui veut que sa ville règne sur le monde... je rigole si c'est ça :mokkde: . J'attends la suite avec impatience en tout cas . | |
| | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 14 Jan - 13:02 | |
| Réponse à Rémi un peu tardive: Ben c'est vrai que j'aurais pu préciser pour le genre, mais je pensais pas non plus que tu pensais à des récits warhammer^^. Pour l'ambiance, ben je ne connais pas Blade Runner... (pourquoi sens-je que je vais encore me faire virer?? ) En tout cas merci des encouragements. Pour l'avancement... euh ben je pense que ce sera pas régulier, et un peu lent, mais je ferais de mon mieux. Et non, l'est pas content le mossieur, veut tuer tout le monde sur la planète !!!!! Si vous voulez un rapide résumé du tout (parce que je prévois ça long hein!), dites le moi. Edit Fucking Bastard : "Plus c'est long, plus c'est bon" that what she always say | |
| | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Dim 29 Mar - 18:07 | |
| Voila, après une flegmatite aiguë j'ai repris un peu ce projet. Donc voici le début du premier chapitre, j'aurais besoin de conseils par rapport à la lourdeur, si vous en avez bien sur. Merci CHAPITRE 1: Un rayon lumineux tomba sur une paupière. Dans le lit matrimonial, un mouvement fit bruisser les draps. Une tête se releva. Puis une voix, douce, encore ensommeillée: « Bonjour mon chéri. » L’homme et la femme se réveillaient. Durant cette nuit de Mars, ils avaient conçus ce qui est considéré comme la plus belle chose au monde: un enfant. Encore inconscient de leur réussite, ils se levaient tranquillement en ce samedi matin. Dans l’appartement régnait un calme plat, l’habitation étant très bien isolée, les bruits extérieurs ne troublait pas la quiétude du couple. Puis ce fut dimanche, les jeunes gens virent leurs amis à l’occasion d’un repas. Et dimanche soir, passé tranquillement à ne rien faire. Et enfin lundi matin, annonçant la reprise du travail.Leur vie continua normalement, en cette année 2180. Le monde n’était qu’un tourbillon de personnes pressées, se hâtant dans la ville monstrueuse qu’était devenue une bonne partie du monde. Car le monde a bien changé depuis l’époque que nous habitions… Imaginez qu’une femme ait; suite à une terrible crise économique, et donc à la peur de ne pas forcément vivre plus longtemps, en moyenne huit enfants. Appliquez ce phénomène à la grande majeur partie de la population mondiale. Et faites continuer cette explosion démographique sur environ cent soixante dix ans. Vous obtiendrez ainsi une population qui augmente énormément en peu de temps. C’est ainsi qu’en cette année 2180, la population mondiale s’élevaient à 20 milliards d’êtres humains. Les grands pays industrialisés que nous connaissions ont été contraints d’agrandir considérablement l’espace urbain de leur territoire. Attirés par ces villes monstres, les immigrants ont afflué de partout. Les pays se sont peu à peu mutés en une seule et même ville, créant un immense réseaux urbain. Mais le problème de la nourriture vint se poser, juste après celui de l‘eau. Car pour nourrir une telle masse d’habitants, la production se devait d’être considérable. Et les États commençaient à avoir des soucis importants, résultat de cette crise démographique… Alors, on mit en place un gouvernement planétaire, élu par tous. Chargé de résoudre tous les problèmes qui se présenteraient, il était composé de cinq membres; représentant des États Unis, de la France, du Royaume Unis, de l’Allemagne, et de la Chine. Le problème de l’eau fut rapidement réglé: des usines de désalinisation d’eau apparurent le long des côtes. Mais la nourriture manquait toujours. Alors, ils décidèrent d’une mesure radicale: d’immenses ferme couverte furent construite. A l’intérieur, de la terre, cultivée; du bétail, nourris avec ce qui pourrait s’apparenter à des OGM, plus efficace encore. On recréait au moyen de lampe compliquée la lumière et la chaleur du soleil. Des usines de tris, d’abattage, de conditionnement, situées à proximité, transformaient la matière brute en produit consommable. Le reste du monde, considéré comme inexploitable ou inexistant, se limitait à des déserts, des régions trop montagneuses… L’Afrique était presque entièrement désertée, à l’instar de l’Amérique du Sud où seul le Brésil était peuplé. Et personne ne s’intéressait à ces endroits. La ville était la vie. La vie était la ville. C’est donc dans ce monde que naquit un bébé parmis tant d’autres. Depuis cette nuit de Mars, le couple avait préparé une chambre, et établit des projets comme le font tous jeunes couples. L’été, lumineux et chaud, était passé en douceur. C’est le 31 Décembre de cette même année 2180 que l’enfant naquit, à une heure peu commune: Minuit. Mais toute vie est un jour chamboulée; celle de deux êtres le même soir. Le bébé pesait près de 4kg à sa naissance; mais il fut trop gros pour la mère. Elle réussit cependant à le faire sortir, et mourut peu après, vidée de ses forces… Le père fut abattu. Comme tant d’autres, il faillit ne devenir qu’une statistique du taux de suicide. Mais , une nuit, alors qu’il se lamentait dans son salon, le bébé pleura.=> Changé dans l'autre post
Dernière édition par Silverthorns le Lun 6 Avr - 21:00, édité 1 fois | |
| | | kohredron o0 Modérateur 0o
Nombre de messages : 947 Age : 37 Localisation : http://snapshotme.canalblog.com/ Date d'inscription : 15/04/2007
| | | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mar 31 Mar - 18:39 | |
| Merci Edit: Ce post qui ne servait à rien va donc se voir recycler. Suite et fin chapitre 1. De plus, j'apporte en rouge des modifications à la partie précédente. Le bébé pesait près de 4kg à sa naissance; l‘accouchement fut très dur. La mère lutta pendant un certains temps. Malgré des moyens techniques important, le bébé ne passa qu’à un certain prix. Il emporta sa mère avec sa venue au monde. Le père fut abattu. Comme tant d’autres, il faillit ne devenir qu’une statistique du taux de suicide. Mais , une nuit, alors qu’il se lamentait dans son salon, le bébé pleura. Les cris déchirants retentirent dans la nuit immobile comme le son d’une cloche dans une église déserte. Alors, le père se jura qu’il serait tout ce qu’il y a de meilleur pour son fils. Comme d’autres, il se dit que c’est ce qu’aurait voulu sa femme si elle avait été là. Alors, il reprit le travail, qu’il avait quitté depuis quelques jours. Il mit les bouchées doubles pour satisfaire les exigences de son patron. Employé d’un des innombrables bureaux, il rentrait tard, se levait tôt. Il engagea dans les premiers temps une nourrice, bien qu’il n’aima pas confier son fils à une étrangère. Très vite, il se dit que cela ne pourrait durer. Et puis, le cœur des hommes est versatile. On se jure de n’aimer qu’une femme, même morte. Très vite, le temps passant, on l’oublie. Et alors qu’on parlait tous les soirs à sa photo, lui racontant ce que devenait l’enfant, ses journées où l’on ne pensait qu’à elle, combien elle nous manque, peu à peu son souvenir s’étiole. Après s’être lavé, on se couche, harassé. On jette simplement un regard à la photo. Et puis, même le regard est oublié. On mène sa vie; elle n’en fait plus partie. Mais on pense quand même à elle, avec nostalgie et regret, et on essaye de changer le monde avec des si. Malheureusement, on fait de nouvelles connaissances, ou approfondissons celles qui existaient déjà. Certaines sont des femmes. Et une se détache du lot, un peu comme l’avait fait la première. Inconsciemment certaines fois, en tout état de cause le plus souvent, les photos finissent dans un tiroir. Et puis un soir, la place qui était vide et froide dans le lit se retrouve tiède et accueillant un corps jusqu’alors étranger. C’est ce qui arriva à notre pauvre homme. Il rencontra un jour une femme, alors qu’il se chargeait de la tâche ingrate qu’est celle d’acheter de quoi vivre. Une petite bousculade dans un rayon, un sourire et une excuse. Et puis on se retrouve à la caisse, et lorsque le système a finit de rassembler les produits que vous avez sélectionnés dans l’ordinateur et que vous avez payé, l’homme accompagne la femme en lui portant ses sacs, car elle lui est sympathique, et sûrement que l’inverse est vrai aussi. Et puis, lorsqu’elle monte dans le tram qui la ramènera chez elle, on se dit que peut être on se reverra. Alors, les deux personnes se cherchent, même sans en avoir conscience, lorsqu’ils sont dans le supermarché. Et ils se retrouvent. Alors, on s’invite à boire un café. Et de fil en aiguille, on finit toujours par arriver à la chambre de l’un ou l’autre. Un rayon lumineux tomba sur une paupière. Dans le lit matrimonial, un mouvement fit bruisser les draps. Une tête se releva. Puis une voix, douce, encore ensommeillée: « Bonjour mon chéri. » L’homme et la femme se réveillaient. C’était la cinquième nuit qu’ils passaient ensemble. L’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre grandissait, car ils découvraient chez l’autre un vide à combler. Mais c’était la première fois qu’ils passaient la nuit chez l’homme. Ils se levèrent paresseusement. Samedi matin. Un petit bruit se fit entendre lorsque la femme passa devant une porte. L’homme s’étirant encore, la femme poussa doucement la porte pour voir de quoi il s’agissait. L’homme remarqua soudain le silence. Alors qu’il aurait du entendre des bruits provenant de la cuisine, il régnait un calme plat. Quelque peu inquiet, il se leva. Il découvrit la porte ouverte, la silhouette penchée sur le berceau. Il s’approcha. Posa sa main sur une épaule. La femme le regarda, une larme perlant au coin de son œil droit. « L’acceptes tu? » Pas de réponse. Enfin, pas réellement. Juste une lueur dans les yeux, une bouche qui s ‘étire en un sourire. Et puis: « Oui. » L’homme respire. La femme pose une question. « Thana. Il s’appelle Thana. » | |
| | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 14 Oct - 17:25 | |
| Quand même, je met la suite, même si ce n'est pas énorme: - Spoiler:
CHAPITRE 2:
Un rire cristallin résonna dans l’air de l’appartement. Nous étions au début du week-end. Le père et la mère lisait tranquillement dans le salon, tandis que l‘enfant jouait paisiblement. Le mois de Mai, ensoleillé, commençait à s’installer doucement, chassant les dernières fraîcheurs qui persistait après un hiver particulièrement froid. En fait, l’hiver lui même n’avait pas été si froid, mais ce furent les derniers mois, à savoir Janvier et Février, le froid s’étendant même en Mars et en Avril. Le climat lourd et pesant de la ville avait été pendant un moment remplacé par un vent furieux, sec et glacial, qui balayait les rues et ricochait sur les épais murs de béton et d’acier. L’enfant avait désormais un an et bientôt cinq mois. Assez grand pour son jeune âge, le nouveau couple lui portait toute l‘affection dont il était capable. Il avait un regard incroyablement profond pour son âge, d’un joli bleu. Son duvet de naissance était très vite devenu des cheveux châtains. Son petit visage était pour l’instant fendu d’un grand sourire alors qu’il utilisait un des derniers jouet sortit à but éducatif. Mais le plus souvent, principalement lorsque le couple l’emmenait dans la ville, son visage était grave. Contrairement à beaucoup d’enfants, son premier voyage en tramway ne lui avait pas suscité des pleurs, ni des regards étonnés vers tout ce qui l’entourait. Il faut dire que ses parents lui parlaient énormément, de toutes les choses qui font une vie. Ils étaient persuadés qu’il comprenait. Toujours est il que Thana, bien qu’un peu dérouté au début, passa les dix minutes que dura le voyage à observer attentivement les visages, mais surtout le décor qui défilait à travers les grandes fenêtres par lesquelles se déversait la lumière du jour. On voyait que la vitesse le perturbait, car il cherchait à voir où disparaissaient toutes ces images. Sa curiosité apparut aussi lorsque son père l’emmena pour la première fois faire les courses. Le système de magasin avait bien changé lui aussi. Les gens passaient dans des rayons comportant le produit, et le présentant, avec tous les détails précisés en dessous de l’image ou du court film qui passait en boucle. Le client qui désirait un article, plutôt que de le charger dans son panier, et de créer ainsi des embouteillages, appuyait simplement sur un bouton présent à côté de l’écran, et tapait son numéro de carte bancaire. Lorsqu’il avait fini, il se dirigeait vers la caisse. Là, il tapait sur une autre machine son numéro de carte. La liste de sa commande s’affichait. Il validait et attendait. Les articles descendaient de l’étage supérieur au moyen d’un tapis roulant. Le client n’avait plus qu’à récupérer le tout, payer et partir. Mais là où un autre enfant aurait attendu en silence, Thana s’agita dans les bras de son père. Il essayait de regarder d’où venait ce tapis. Il posa même le doigt dessus, se rendit compte qu’il avançait, le retira, l’examina soigneusement. Convaincu qu’il n’avait rien, il recommença. Et rigola.
Ses parents étaient ravis de voir qu’il était déjà si intéressé par la vie. Alors, ils décidèrent de voir jusqu’où sa compréhension des choses allait. Bien que travaillant tous deux, le mari en tant que cadre de bureau, la femme comme professeur dans une école de psychologie, ils trouvaient toujours le temps de jouer avec leur fils, inventant des petits test pour évaluer ce qu’il retenait et comprenait. Il les avait pour l’instant tous réussi. Bientôt, il fallut l’inscrire dans sa première école. Car plutôt qu’à trois ans, ce fut à deux qu’il fut considéré comme apte à commencer son apprentissage de la vie. Il prononçait déjà distinctement un vingtaine de mots, trébuchait sur une trentaine d’autre, et en marmonnait encore plus. Ses premières années furent douces, le temps allant se réchauffant. Le monde tournait, les trains filaient à toutes vitesse. Plus aucune trace des difficultés rencontrées au départ par les états. Le Gouvernement Planétaire faisait son travail. L’ordre régnait partout dans le monde habité, car un grand corps de police, possédant un service de surveillance active et très bien organisé, faisait en sorte que rien ne perturbe l’ordre établi. D’ailleurs, peu de gens essayaient de le secouer. Car la ville était rentrée dans les mœurs. Le caractère des gens s’était peu à peu aplanit, ils pensaient de plus en plus de la même façon. Leur vie était rythmée par le travail qui ne manquait jamais, par les sifflements des métros, par le son des télévisions. L’Extérieur étant oublié et jamais visité, les gens ne se rappelaient plus ce que s’allonger dans l’herbe et regarder le ciel dégagé provoquait. Leur ciel était couvert, les rayons du soleil en étaient plus pâles; l’herbe, il n’y en avait plus. Pas un seul parc, ni un seul jardin. C’eut pris trop de place. Les tours de logements avaient remplacé les arbres, et, comme une cité fourmis en expansion, les hommes avaient cherché à gagner de la place sous terre. Ils avaient creusé d’innombrables lignes de métro qui filaient sous les continents, permettant un voyage encore plus rapide. Les transports en commun était désormais le seul moyen de se déplacer, avoir des voitures individuelles aurait été impossible.
Pourtant, malgré le calme qui s’était emparé d’une population endormie par la vie, il fut une date qui perturba la Ville. En effet, dans le courant du mois de février, le premier grand attentat depuis une bonne centaine d’année avait eu lieu. Thana avait alors trois ans.
11H30, dans un des innombrables bureau de l’une des innombrables tours de béton de la ville. « Ah, bientôt la pause déjeuner ! » pensa l’homme, remettant en ordre un dossier informatique. La matinée s’était écoulée sans incident, le travail étant devenue une routine que l’on effectuait sans mal. L’écran lui avait causé un mal de crâne à plusieurs reprises ce matin. Cependant, l’homme ne s’inquiétait pas, cela lui étant déjà arrivé. Huston passa devant l’alcôve désigné comme étant son lieu de travail. Il était blond-châtain, légèrement plus vieux que son compagnon, et ses yeux avaient l’habitude d’être rieur. Lorsqu’il lança son bonjour, il vit l’homme assit se frotter la tête. « Ca ne va pas? » demanda t-il, inquiet pour celui qu’il considérait comme un ami. L’autre lui répondit que si, que ce n’était qu’un mal de tête passager. « Ah, mais tu sais, d’après certaines personnes, lorsqu’un mal de crâne vous prends soudainement, et sans raison apparente, c’est un mauvais présage. » Huston était friand de littérature fantaisiste qu’écrivait à la chaîne de petits auteurs et où les personnages avaient des dons de prescience. Mais l’autre homme ne l’écouta pas. Huston lui dit qu’il se retrouverait pour manger, et partit. A 11h55, on commençait à ranger les affaires qui traînaient, bien que le principal outils de travail fut l’ordinateur. C’est à ce moment là que tous sentirent le bâtiment trembler. Puis le son parvint à travers les vitres épaisses jusqu’aux oreilles des personnes interloquées. Un craquement d’enfer se fit entendre. Le bâtiment tremblait encore, le courant se coupa. Et puis, les gens perdirent l’équilibre. L’immeuble tombait peu à peu, s’effondrant sur lui même; les gens hurlaient, couraient, se cachaient… L’homme qui devait rejoindre Huston était lui aussi paniqué. Mais dans son esprit, il ne voyait qu’une seule chose. C’est cette image qui le poussa à écarter violemment les gens sur son passage, à se précipiter vers la sortie, à bousculer et piétiner les trop lent. Mais il ne put aller bien loin; le géant, touché à ses fondations, s’écroulait. Le haut du bâtiment rejoindrait bientôt le bas, broyant le reste au passage. Alors, l’homme poussa un dernier cri, de toute la force de ses poumons, qui couvrit à ses oreilles les horribles craquement du bâtiment qui tombait en ruines.
12H30, un appartement calme et simple. « Thana, à table ! » cria la mère depuis la cuisine. « J’arrive! ». L’enfant, affamé, arriva en courant. Il s’assit promptement sur la chaise, et attendit patiemment que sa mère le serve. Puis il commença à manger. Nous étions un beau jour de février; la mère n’avait pas cours aujourd’hui, tout comme le petit. Le père s’était levé très tôt pour partir travailler. La mère alluma la télévision incorporée dans le mur. C’était bientôt l’heure des informations. L’enfant regardait distraitement l’écran, préférant se concentrer pour réussir à couper sa viande. A trois ans, ce n’est pas forcément facile. « Bonjour, aujourd’hui, les nouvelles sont graves. Nous avons appris que ce matin même.. » « Thana, ne mange pas avec les doigts ! » « … un attentat terroriste avait eu lieu dans le centre du quartier Athéniens. » La mère arrêta sa fourchette à mi chemin entre sa bouche et son assiette. « Les coupables ont très vite été arrêté par la police car ils étaient depuis peu sous surveillance; malheureusement, l’immeuble visé a été entièrement détruit. » Des images d’un tas de ruines apparurent à l’écran, certaines bouchant les voies de communications. « De plus, on ne compte pour l’instant aucun survivant; l’explosion était très bien orchestrée. » Thana, conscient du soudain silence de sa mère, la regarda. Des larmes perlaient au coin de ses yeux, roulaient comme des gouttes de pluie sur ses joues devenues blanches. « Plus d’information au prochain bulletin. Du côté économique, rassurez vous, le prix de… » « Maman? ». La voix étranglée de l’enfant traduisait son malaise profond; il ressentait une grande douleur qui assaillait sa mère, mais ne savait pas d’où elle venait. « Maman? » La mère le prit dans ses bras, le serra le plus fort possible, murmurant « Oh, mon chéri », pleurant des larmes qui auraient pu être du sang tellement la douleur était grande. Lorsque enfin elle put contenir le flot d’amertume et de peine, elle regarda son fils. Ce n’était pas le sien d’ailleurs. Mais dans son cœur, il l’avait toujours été. Inspirant profondément, elle lui dit: « Mon chéri, papa est parti ».
- Spoiler:
CHAPITRE 3:
Le temps a passé. Nous sommes en Octobre, et un vent chargé d’humidité balaye les rues où les piétons se pressent. On sent de l’orage dans l’air. Depuis l’attentat, et la mort du père de Thana, la mère a oscillé entre travail et dépressions nerveuses. Plusieurs fois arrêtée pour cure, elle était en ce moment en vacances, après une courte reprise. Elle avait en permanence les traits tirés, souvent les yeux rouges, et des cernes attestaient de son manque de sommeil. On pouvait voir une photo de son défunt mari, près de son lit. Elle en gardait pour l’instant le souvenir intact.
Thana, lui, suivait toujours l’école. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, ou du moins pas clairement; il savait juste qu’il ne verrait plus son père, et que sa mère pleurait. Cela s’en ressenti dans sa manière d’être; il restait parfois dans un mutisme quasi complet, les yeux dans le vague. Bien qu’il n’y ait que peu d’attente à son niveau, son maître s’interrogeait sur cette baisse d’attention chez ce jeune garçon qui l’avait pourtant étonné dès le départ. C’est aussi à cette époque que Thana s’écarta des autres enfants. Lorsqu’ils l’appelaient pour venir jouer avec eux, Thana restait prostré dans son coin, la bouche à demi ouverte. Très vite ils se moquèrent de lui. Mais cela lui importait peu. Cependant, Thana était toujours un enfant; et lorsque son anniversaire approcha, en même temps que Noël, il fut tout aussi excité qu’un autre. Son sourire se fit moins rare, il retrouva ces gestes et paroles que son maître trouvait précoces pour son âge; parallèlement, sa mère se mit elle aussi à aller mieux; bien qu’elle fut encore fragile, elle reprenait désormais les cours avec plus de régularité. Ses vacances de Noël furent presque les plus belles; le fils et la mère décorèrent le sapin ensemble, riant de leur maladresse à accrocher l’étoile au sommet; le lendemain matin fut acclamé à grand cris par Thana, qui déchira les emballages précipitamment. La suite de la journée vit pour la première fois depuis le triste jour des amis invités à manger. Et puis l’anniversaire de Thana arriva quelques jours après seulement, et l’enfant trouva encore de la joie à manger du gâteau, à faire presque ce qu’il voulait. Il avait quatre ans, quand même.
« Joyeux anniversaire ! » Le cri sortit d’une dizaine de petites bouches à la fois. Thana fêtait son anniversaire, ses amis étaient naturellement invités. La mère, attentionnée comme ne savent l’être que les mères, passaient au milieu de ses petits corps qui couraient, piaillaient, jouaient, en distribuant des bonbons si chimiques qu’ils n’auraient pu être digérés quarante ans en arrière. Mais on pourrais dire la même chose des bonbons d’il y a quarante ans, alors passons. Un anniversaire est toujours joyeux, avec cadeaux, rires, gâteau et musique parfois. Celui de Thana l’était… Il courait dans l’appartement, suivi par une ribambelle de gamins en folie. « Maman! On va ouvrir mes cadeaux! « Si tu veux, mon chéri. » Alors, tout ce petit monde se dirigea vers le salon, riant de plus belle. Un beau soleil pour le mois de Décembre éclairait la pièce, malgré la couche de pollution. Thana commença à déchirer les papiers, enfant qu’il était. Il s’émerveillait chaque fois qu’apparaissait le jouet caché par l’emballage, et remerciait les enfants autour de lui.
Si douloureux… Ce point de pression omniprésent dans le ventre… Toujours là, toujours… Une sueur froide coulait sur le visage blanc de la femme. A pas chancelant; elle se dirigeait vers sa chambre… Bientôt, elle dût s’appuyer aux meubles qu’elle rencontrait. Les objets se renversaient sous sa main tremblante, le téléphone roula au sol après avoir été bousculé… Mais elle avançait. La douleur devenait lancinante, insupportable par sa force. La femme tomba à genoux, et avança à quatre pattes, laissant des taches humides sur le sol… *************************************************************************** Alors que l’anniversaire bâtait son plein, Thana, un grand sourire aux lèvres, se retourna: « Maman, regarde ! » Un pli inquiet barra son front. **************************************************************************** Plus de bruit… Ses oreilles n’entendent plus rien que les battements de son cœur. Elle arrive à l’entrée de sa chambre. Plusieurs sillons se croisent au milieu de la sueur de son visage: sang et larmes. Un cri reste coincé dans sa gorge. Pulsation.
« Maman? » Thana avance dans le couloir; les bruits lui parviennent comme assourdis par l’obscurité qui règne ici.
La femme pose la main sur un petit meuble, où trône une photo encadré. Pulsation.
« Maman? » En avançant, Thana voit sur le sol des traces humides, courant le long du couloir.
La photo est dans sa main… Enfin… « Mamaaannn ! » Pulsation. Un flot de sang sort de sa bouche, tâche le meuble et tombe sur ses mains. Après quelques rauques halètements, la femme tombe de côté, la photo sur le cœur. Une petite main vient se loger sur les siennes. La tête retombe, inanimée; plus aucun souffle ne sortira de ses lèvres qui distribuaient tant de baiser, qui rassuraient lorsque venait l’heure de se coucher; les deux dernières larmes que pleureront ses yeux si doux coulent le long des joues où s’étiraient ce si beau sourire… Thana vient de perdre celle qu’il croyait être sa mère.
« - Jack , va voir pourquoi il y a autant de bruit dans le couloir! -Oui, oui, j’y vais! » Devant interrompre son émission, le dénommé Jack sortit sa tête dans le couloir. Un étrange spectacle l’accueille: un enfant qui pleure, qui hurle, entouré de plusieurs autres enfants affolés; une porte ouverte, laissant entrevoir un petit vestibule bien rangé. « Oh ben ça alors! » Jack sort complètement, s’approche du petit groupe: « Et bien, qu’est ce qu’il y a? » Le petit garçon lève un regard plein de tristesse sur ce visage barré d’une épaisse moustache grise. Et puis l’enfant lui saisit la main, le tire, sans un mot, à travers l’appartement ouvert. Et l’emmène directement dans une chambre.
- Spoiler:
CHAPITRE 4:(incomplet)
Un orphelinat. Gris, comme le ciel au dehors, d’un gris lourd, chargé de pollution. Cet orphelinat est situé en périphérie de ce qui était autrefois la Roumanie. Comme toute périphérie, les bâtiments étaient aveugles du côté qui faisait face à l’Extérieur. Un léger décalage avec le dernier bâtiment et apparaissait le Mur. Faisant le tour complet de toutes les parties en contact avec l’Extérieur, c’est à dire autre que l’eau, ce mur s’élevait, telle un rempart repoussant les assauts de la nature. Plus haut encore que les bâtiments le bordant, ce mur était sombre et menaçant. Précaution inutile tant les hommes avaient oublié ce qu’il cachait.
C’est dans cette orphelinat que Thana avait été transféré après la mort de sa mère adoptive. Il avait désormais 15 ans. Ses cheveux laissés libres atteignaient ses épaules, développées par le sport intensif auquel il se livrait. Il mesurait désormais 1mètre 88, et si sa figure avait changé, ses yeux étaient méconnaissables: le bleu en était devenu glacial, et une sorte d’intelligence farouche s’y était installée. Son caractère était désormais établi: montrant une hostilité prononcée, il se tenait à l’écart des autres pensionnaires. Ceux ci avaient bien cherché à en faire une tête de turc, mais la fureur que Thana avait employé à démolir le meneur d’un groupe les avaient dissuadés de continuer. Bien que peu apprécié, plutôt détesté en fait, Thana jouissait d’un respect qui lui permettait de rester au calme. Ses heures libres, il les occupait donc à faire du sport: course, combat, athlétisme et même gymnastique, toutes les activités proposées par l’orphelinat y passait. Mais venait une heure où il délaissait le travail du corps pour le plaisir de lire. Une vieille bibliothèque accueillait régulièrement Thana. Celui ci, s’étant rapidement rendu compte que les livres mis sur un piédestal par tous ne valaient pas la peine d’être lu, il décida de chercher plus loin. La bibliothécaire lui proposa un jour de se rendre dans les archives; celles ci étaient peu connues, car elles dataient de la destruction de l’ancien ordre mondial, et avaient été cachées. C’est ici que Thana passait son temps. D’une incroyable richesse et diversité, ces archives lui firent découvrir les grands classiques de l’Ancien Monde: des philosophes grecs aux Lumières, des écrivains naturalistes au théâtre de l’absurde, tous les genres, policiers, thrillers, fantastiques, tous furent lu par le jeune garçon en manque d’idéal. De toute cette lecture se dégagea bientôt une idée fixe: et si, derrière ce grand mur, les mondes décrits dans ces livres existaient? Et si, en passant outre l’interdiction, il trouvait des êtres étranges, de la verdure, peut être même de la neige? Thana fut progressivement pris d’une envie de voir ce qu’on cachait aux gens. Cependant, cette envie fut repoussée.
Nous sommes en Octobre. Thana, pour une fois, ne se trouve ni à la salle de sport, ni à la bibliothèque. On a annoncé l’arrivée d’un nouveau pensionnaires. Mais Thana n’en a que peu d’intérêts. Il est encore seul, dans un coin, en train de lire. Il distingue quelques bruits annonciateurs lorsqu’il fait une pause dans sa lecture. Il s’y replonge peu après. ** Les personnages viennent de connaître un grand succès. Cependant, l’homme dit à la femme: « Mais pourquoi es tu triste? »**
Thana est violemment tiré de sa lecture.
« Dis, pourquoi es tu triste? ». En face de lui se tient une petite fille, avec de longues boucles rousses et de grands yeux verts. Un pli apparaît sur son front lorsque Thana, tout surpris, ne réponds pas.
« Ne lui parle pas, il va te mordre! » Celui qui vient de crier, c’est un de ceux qui haïssent Thana. Mais un regard appuyé le fait taire. Alors Thana reporte son attention sur la jeune fille. Dix ans, tout au plus. « Tu ne m’a pas répondu », lui dit-elle.
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| | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 10 Mar - 18:00 | |
| Bon j'aime pas le double poste, mais bon. A moins que vous ne le vouliez, je ne posterai pas la suite ici. Déjà parce que je ne pourrai pas forcément venir régulièrement, et puis parce que 49 pages ca fait un volume conséquent.
Information terminée. | |
| | | Rémi Président
Nombre de messages : 1904 Age : 38 Localisation : Marseille Date d'inscription : 10/02/2007
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 10 Mar - 21:44 | |
| Ah si tu continues. Ca fait de la lecture, ca change un peu de nos ouinouins. Sinon une petite critique qui m'a un peu tracassé. C'est dans la fin du premier chapitre, le passage de la nouvelle femme. On commence au passé on finit au présent. Ca m'a un peu pertubé. J'ai compris l'effet mais je sais pas, ca m'a mis mal à l'aise. | |
| | | kohredron o0 Modérateur 0o
Nombre de messages : 947 Age : 37 Localisation : http://snapshotme.canalblog.com/ Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 10 Mar - 22:42 | |
| Y a t-il un moyen de lire les 49 pages en question quelque part? si oui, je serais vraiment très content de les lire sinon tant pis mais en tout cas si la suite est aussi bien que les passages que tu as écrit ici alors continue parce que c'est vraiment sympa ! | |
| | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 10 Mar - 23:04 | |
| A rémi: bah ça devait être une erreur de temps, surement rectifiée depuis. Aux deux: Ouep, j'essaierai de mettre chapitre par chapitre en spoiler, mais je pense que je remettrais tout parce que y'a eu des changements, et si infimes soient ils, ils ont leur importance. En tout cas merci | |
| | | Rémi Président
Nombre de messages : 1904 Age : 38 Localisation : Marseille Date d'inscription : 10/02/2007
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Mer 10 Mar - 23:59 | |
| Tu es un des rares littéraires de l'association, on prend soin de toi. | |
| | | Silverthorns Membre
Nombre de messages : 586 Age : 31 Localisation : Gémenos Date d'inscription : 28/05/2008
| Sujet: Re: [Roman] La Fin (titre pas définitif du tout) Jeu 11 Mar - 12:18 | |
| De l'association... Ce me fait penser que je devrais essayer de passer quand même de temps en temps... Et puis payer la participation qui est toute logique... Et voilà la nouvelle version, et la première partie complète: Prologue: - Spoiler:
31 Décembre 2200, 23H55. En bas, des millions de personnes s’agitaient. Du haut d’un immeuble, un homme, immobile, fixait cette masse grouillante. Vêtu d’un jean, indémodable depuis sa création, de bottes montants jusqu’aux genoux, d’un tee-shirt noir et d’un long manteau kaki; ses cheveux, atteignant ses épaules, étaient agités par la rare bise que l’on ne pouvait sentir qu’à cette altitude. L’homme tenait dans sa main un tube métallique, reflétant la pâle lueur de la Lune qui filtrait à travers le rideau de pollution qui englobait la planète entière. Il émettait à intervalle régulier un signal lumineux rouge. L’homme fixa son regard sur un point lointain, que lui seul pouvait apercevoir. La myriade de lumières électrique qui éclairait l’ensemble gigantesque que formait la Ville n’atteignait pas cette altitude. Pas plus que le vacarme incessant dont le réseau complexe de lignes du RUD, qui filaient dans toute la cité comme une toile d’araignée, était la principale cause, se joignant au son des pas de ces êtres insignifiants, au son des usines disséminées à travers la zone de Ville qui se nommait autrefois Berlin… Isolé dans un monde de silence, l’homme ferma les paupières quelques instants. Un bip sonore le tira de sa rêverie, le faisant ouvrir les yeux. Des yeux d’un bleu aujourd’hui inconnu, d’un bleu tirant sur le gris. D’un bleu banquise.
« Aujourd’hui sera donc le Commencement ». Cette phrase résonna quelques instants dans l’air immobile.
Relevant légèrement son bras droit tenant le tube métallique, qui possédait un interrupteur, l’homme contempla une dernière fois les nombreuses tours autour de lui. Puis il appuya.
Quelques centaines de mètres plus loin, un des géants de la ville trembla. Des flammes apparurent, brisant les fenêtres des six premiers étages. L’immeuble, touché à ses fondations, hurla sa douleur en s’effondrant, écrasant et broyant irrémédiablement les milliers de personnes qui, surprises, ne réagirent pas. Avant que quiconque ne réalise ce qui venait de se passer, et seulement une dizaine de secondes après la première détonation, quatre autres bâtiments, situés aux quatre points cardinaux par rapport au premier touché, explosèrent. Les étages inférieurs furent détruits dès l’explosion, le reste s’effondra, aussi bien sur les passants que sur de nombreux trains. Les Géants tombaient, eux qui défiaient le ciel, réduits à néant en une minute.
Le souffle des explosions forma une masse d’air chaud et monta. Refroidi, il parvint tout de même à dégager un espace clair dans la « Seconde Atmosphère » de la planète. Un rayon lunaire se fraya un passage à travers le nuage jaunâtre, et tomba sur le visage levé de l’homme.
« Ils se sont prétendus maîtres de votre création. Laissez-moi apporter la rédemption à ce monde! ». Sur Terre, on criait de douleur, les corps des blessés s’agitaient faiblement au milieu des membres brûlés et arrachés. La plainte des condamnés monta dans l’air, jusqu’aux oreilles du Vengeur.
En silence, l’homme se détourna des flammes qui montaient toujours, se détourna du Commencement de la Fin, et disparut dans la nuit.
Dans les cieux, les étoiles célébrèrent le début de cette croisade…
Chapitre 1: - Spoiler:
Un rayon lumineux tomba sur une paupière. Dans le lit conjugal, un mouvement fit bruisser les draps. Une tête se releva. Puis une voix, douce, encore ensommeillée: « Bonjour, mon chéri. » L’homme et la femme se réveillaient. Durant cette nuit de Mars, ils avaient conçus ce qui était considéré comme la plus belle chose au monde: un enfant. Encore inconscients de leur réussite, ils se levaient tranquillement en ce Samedi matin. Dans l’appartement régnait un calme plat, l’habitation étant très bien isolée, les bruits extérieurs ne troublait pas la quiétude du couple. Puis ce fut dimanche, les jeunes gens virent leurs amis à l’occasion d’un repas. Et dimanche soir, passé tranquillement à ne rien faire. Et enfin lundi matin, annonçant la reprise du travail. Leur vie continua normalement, en cette année 2180. Le monde n’était qu’un tourbillon de personnes pressées, se hâtant dans la Ville, gigantesque agglomération urbaine qui recouvrait une grande partie de l’ancien continent Européen. Les tours s’élevaient, serrées les unes aux autres, formant une dense forêt de béton; au milieu courait le quadrillage du RUD, le réseau urbain de déplacement, qui permettait au gens de se déplacer, les transports personnels depuis longtemps révolus. Mais ces trains magnétiques ne pouvant desservir la totalité du périmètre de la Ville, les gens se déplaçaient tout aussi bien à pieds, les ruelles étroites mais nombreuses laissant continuellement passer des centaines de personnes. Car une telle concentration d’immeubles sur une si grande surface impliquait bien sûr une population très élevée. Certaines zones cependant restaient à l’écart, et accueillait d’immenses complexes de production qui, par le moyen de technologie poussées, recréaient en intérieur les conditions nécessaires à la production de céréales, légumes… Une partie de ces complexes étaient dédiée à l’élevage, et des complexes d’abattage, puis de conditionnement, jouxtaient chacun de ces constructions et fournissaient la Ville en nourriture. Quant à la distribution d’eau, elle était assurée par les nombreuses usines de désalinisation de l’eau de mer qui bordaient chaque côte. Le monde pouvait se résumer à ce mot: la Ville. Une seule ville recouvrant tout sur des milliers de kilomètres; une seule ville rassemblant tous les habitants de la Terre.
C’est donc dans ce monde que naquit un bébé parmis tant d’autres. Depuis cette nuit de Mars, le couple avait préparé une chambre, et établi des projets comme le font tous jeunes couples. L’été, lumineux et chaud, était passé en douceur. C’est le 31 Décembre de cette même année 2180 que l’enfant naquit, à une heure peu commune: Minuit. Mais toute vie est un jour chamboulée; celles de deux êtres le furent un même soir. Le bébé pesait près de 4kg à sa naissance; l‘accouchement fut très dur. La mère lutta pendant un certains temps. Malgré des moyens techniques importants, le bébé ne passa qu’à un certain prix. Il emporta sa mère avec sa venue au monde. Le père fut abattu par la tristesse; il sentait un vide immense le gagner, qui augmentait chaque jour plus. Comme tant d’autres, il faillit ne devenir qu’une statistique du taux de suicide. Mais, une nuit, alors qu’il se lamentait dans son salon, le bébé pleura. Les cris déchirants retentirent dans la nuit immobile comme le son d’une cloche dans une église déserte. Alors, le père se jura qu’il serait tout ce qu’il y avait de meilleur pour son fils. Comme d’autres, il se dit que c’était ce qu’aurait voulu sa femme si elle avait été là. Alors, il reprit le travail qu’il avait quitté depuis quelques jours. Il mit les bouchées doubles pour satisfaire les exigences de son patron. Employé d’un des innombrables bureaux, il rentrait tard, se levait tôt. Il engagea dans les premiers temps une nourrice, bien qu’il n’aimait pas confier son fils à une étrangère. Très vite, il se dit que cela ne pourrait durer. Et puis, le cœur des hommes est versatile. On se jure de n’aimer qu’une femme, même morte. Très vite, le temps passant, on l’oublie. Et alors qu’on parlait tous les soirs à sa photo, lui racontant ce que devenait l’enfant, ses journées où l’on ne pensait qu’à elle, combien elle nous manquait, peu à peu son souvenir s’étiole. Après s’être lavé, on se couche, harassé. On jette simplement un regard à la photo. Et puis, même le regard est oublié. On mène sa vie; elle n’en fait plus partie. Mais on pense quand même à elle, avec nostalgie et regret, et on essaie de changer le monde avec des si. Malheureusement, on fait de nouvelles connaissances, ou approfondissons celles qui existaient déjà. Certaines sont des femmes. Et une se détache du lot, un peu comme l’avait fait la première. Inconsciemment certaines fois, en tout état de cause le plus souvent, les photos finissent dans un tiroir. Et puis un soir, la place qui était vide et froide dans le lit se retrouve tiède et accueillant un corps jusqu’alors étranger. C’est ce qui arriva à notre pauvre homme. Il rencontra un jour une femme, alors qu’il se chargeait de la tâche ingrate qu’est celle d’acheter de quoi vivre. Une petite bousculade dans un rayon, un sourire et une excuse. Et puis on se retrouve à la caisse, et lorsque le système a fini de rassembler les produits que vous avez sélectionnés dans l’ordinateur et que vous avez payé, l’homme accompagne la femme en lui portant ses sacs, car elle lui est sympathique, et sûrement que l’inverse est vrai aussi. Et puis, lorsqu’elle monte dans le tram qui la ramènera chez elle, on se dit que peut être on se reverra. Alors, les deux personnes se cherchent, même sans en avoir conscience, lorsqu’ils sont dans le supermarché. Et ils se retrouvent. Alors, on s’invite à boire un café. Et de fil en aiguille, on finit toujours par arriver à la chambre de l’un ou l’autre.
Un rayon lumineux tomba sur une paupière. Dans le lit conjugal, un mouvement fit bruisser les draps. Une tête se releva. Puis une voix, douce, encore ensommeillée: « Bonjour, mon chéri. » L’homme et la femme se réveillaient. C’était la cinquième nuit qu’ils passaient ensemble. L’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre grandissait, car ils découvraient chez l’autre un vide à combler. Mais c’était la première fois qu’ils passaient la nuit chez l’homme. Ils se levèrent paresseusement. Samedi matin. Un petit bruit se fit entendre lorsque la femme passa devant une porte. L’homme s’étirant encore, la femme poussa doucement la porte pour voir de quoi il s’agissait. L’homme remarqua soudain le silence. Alors qu’il aurait dû entendre des bruits provenant de la cuisine, il régnait un calme plat. Quelque peu inquiet, il se leva. Il découvrit la porte ouverte, la silhouette penchée sur le berceau. Il s’approcha. Posa sa main sur une épaule. La femme le regarda, une larme perlant au coin de son œil droit. « L’acceptes-tu? » Pas de réponse. Enfin, pas réellement. Juste une lueur dans les yeux, une bouche qui s ‘étirait en un sourire. Et puis: « Oui. » L’homme respira. La femme posa une question. « Thana. Il s’appelle Thana. »
Chapitre 2: - Spoiler:
Un rire cristallin résonna dans l’air de l’appartement. Nous étions au début du week-end. Le père et la mère lisait tranquillement dans le salon, tandis que l‘enfant jouait paisiblement. Le mois de Mai, ensoleillé, commençait à s’installer doucement, chassant les dernières fraîcheurs qui persistait après un hiver particulièrement froid. En fait, l’hiver lui même n’avait pas été si froid, mais ce furent les derniers mois, à savoir Janvier et Février, qui étonnèrent. Le froid s’était même étendu en Mars et en Avril. Le climat lourd et pesant de la ville avait été pendant un moment remplacé par un vent furieux, sec et glacial, qui balayait les rues et ricochait sur les épais murs de béton et d’acier. L’enfant avait désormais un an et bientôt cinq mois. Assez grand pour son jeune âge, le nouveau couple lui portait toute l‘affection dont il était capable. Il avait un regard incroyablement profond pour son âge, d’un joli bleu. Son duvet de naissance était très vite devenu des cheveux châtains. Son petit visage était pour l’instant fendu d’un grand sourire alors qu’il utilisait un des derniers jouet sortit à but éducatif. Mais le plus souvent, principalement lorsque le couple l’emmenait dans la ville, son visage était grave. Contrairement à beaucoup d’enfants, son premier voyage en tramway ne lui avait pas suscité des pleurs, ni des regards étonnés vers tout ce qui l’entourait. Il faut dire que ses parents lui parlaient énormément, de toutes les choses qui font une vie. Ils étaient persuadés qu’il comprenait. Toujours est il que Thana, bien qu’un peu dérouté au début, passa les dix minutes que dura le voyage à observer attentivement les visages, mais surtout le décor qui défilait à travers les grandes fenêtres par lesquelles se déversait la lumière du jour. On voyait que la vitesse le perturbait, car il cherchait à voir où disparaissaient toutes ces images. Sa curiosité apparut aussi lorsque son père l’emmena pour la première fois faire les courses. Le système de magasin était d’une simplicité limpide: les gens passaient dans des rayons comportant le produit, et le présentant, avec tous les détails précisés en dessous de l’image ou du court film qui passait en boucle. Le client qui désirait un article, plutôt que de le charger dans son panier, et de créer ainsi des embouteillages, appuyait simplement sur un bouton présent à côté de l’écran, et tapait son numéro de carte bancaire. Lorsqu’il avait fini, il se dirigeait vers la caisse. Là, il tapait sur une autre machine son numéro de carte. La liste de sa commande s’affichait. Il validait et attendait. Les articles descendaient de l’étage supérieur au moyen d’un tapis roulant. Le client n’avait plus qu’à récupérer le tout, le prélèvement effectué, et à partir. Mais là où un autre enfant aurait attendu en silence, Thana s’agita dans les bras de son père. Il essayait de regarder d’où venait ce tapis. Il posa même le doigt dessus, se rendit compte qu’il avançait, le retira, l’examina soigneusement. Convaincu qu’il n’avait rien, il recommença. Et rigola.
Ses parents étaient ravis de voir qu’il était déjà si intéressé par la vie. Alors, ils décidèrent de voir jusqu’où sa compréhension des choses allait. Bien que travaillant tous deux, le mari en tant que cadre de bureau, la femme comme professeur dans une école de psychologie, ils trouvaient toujours le temps de jouer avec leur fils, inventant des petits test pour évaluer ce qu’il retenait et comprenait. Il les avait pour l’instant tous réussi. Bientôt, il fallut l’inscrire dans sa première école. Car plutôt qu’à trois ans, ce fut à deux qu’il fut considéré comme apte à commencer son apprentissage de la vie. Il prononçait déjà distinctement un vingtaine de mots, trébuchait sur une trentaine d’autre, et en marmonnait encore plus. Ses premières années furent douces, le temps allant se réchauffant. Le monde tournait, les trains filaient à toutes vitesse. Le calme pouvait être ce qui caractérisait le mieux la Ville. La paix régnait partout dans le monde habité, car la Surveillance Interne, l’institution chargée de faire appliquer la loi, faisait en sorte que rien ne perturbe l’ordre établi. D’ailleurs, peu de gens essayaient de le secouer. Car la Ville était rentrée dans les mœurs. Le caractère des gens s’était peu à peu aplanit, ils pensaient de plus en plus de la même façon. Leur vie était rythmée par le travail qui ne manquait jamais, par les sifflements des métros, par le son des télévisions. L‘omniprésence de la Ville avait chassé de leur mémoire ce que s‘allonger dans l‘herbe et regarder le ciel voulait dire. Leur ciel était couvert, les rayons du soleil en étaient plus pâles; l’herbe, il n’y en avait plus. Pas un seul parc, ni un seul jardin. C’eut pris trop de place. Les profondeurs même de la Terre étaient exploitées par la Ville: comme une cité fourmi en expansion, les hommes avaient creusés de longues lignes de métro, permettant un déplacement plus rapide encore. Mais tous étaient en paix, vivaient bien et tranquillement, une douce routine installée et jamais troublée. Pourtant, malgré le calme qui s’était emparé d’une population satisfaite par la vie, il fut une date qui perturba la Ville. En effet, dans le courant du mois de février de l‘année 2184, le premier grand attentat depuis une bonne centaine d’année avait eu lieu. Thana avait alors trois ans.
11H30, dans un des innombrables bureau de l’une des innombrables tours de béton de la ville. « Ah, bientôt la pause déjeuner ! » pensa l’homme, remettant en ordre un dossier informatique. La matinée s’était écoulée sans incident, le travail étant devenue une tâche que l’on effectuait sans mal. L’écran lui avait causé un mal de crâne à plusieurs reprises ce matin. Cependant, l’homme ne s’inquiétait pas, cela lui étant déjà arrivé. Huston passa devant l’alcôve désigné comme étant son lieu de travail. Il était blond-châtain, légèrement plus vieux que son compagnon, et ses yeux avaient l’habitude d’être rieur. Lorsqu’il lança son bonjour, il vit l’homme assit se frotter la tête. « Ca ne va pas? » demanda t-il, inquiet pour celui qu’il considérait comme un ami. L’autre lui répondit que si, que ce n’était qu’un mal de tête passager. « Ah, mais tu sais, d’après certaines personnes, lorsqu’un mal de crâne vous prends soudainement, et sans raison apparente, c’est un mauvais présage. » Huston était friand de littérature fantaisiste qu’écrivait à la chaîne de petits auteurs et où les personnages avaient des dons de prescience. Mais l’autre homme ne l’écouta pas. Huston lui dit qu’il se retrouverait pour manger, et partit. A 11h55, on commençait à ranger les affaires qui traînaient, bien que le principal outils de travail fut l’ordinateur. C’est à ce moment là que tous sentirent le bâtiment trembler. Puis le son parvint à travers les vitres épaisses jusqu’aux oreilles des personnes interloquées. Un craquement d’enfer se fit entendre. Le bâtiment tremblait encore, le courant se coupa. Et puis, les gens perdirent l’équilibre. L’immeuble tombait peu à peu, s’effondrant sur lui même; les gens hurlaient, couraient, se cachaient… L’homme qui devait rejoindre Huston était lui aussi paniqué. Mais dans son esprit, il ne voyait qu’une seule chose. C’est cette image qui le poussa à écarter violemment les gens sur son passage, à se précipiter vers la sortie, à bousculer et piétiner ceux qui étaient trop lents. Mais il ne put aller bien loin; le géant, touché à ses fondations, s’écroulait. Le haut du bâtiment rejoindrait bientôt le bas, broyant le reste au passage. Alors, l’homme poussa un dernier cri, de toute la force de ses poumons, qui couvrit à ses oreilles les horribles craquement du bâtiment qui tombait en ruines.
12H30, un appartement calme et simple. « Thana, à table ! » cria la mère depuis la cuisine. « J’arrive! ». L’enfant, affamé, passa la porte en courant. Il s’assit promptement sur la chaise, et attendit patiemment que sa mère le serve. Puis il commença à manger. Nous étions un beau jour de février; la mère n’avait pas cours aujourd’hui, tout comme le petit. Le père s’était levé très tôt pour partir travailler. La mère alluma la télévision incorporée dans le mur. C’était bientôt l’heure des informations. L’enfant regardait distraitement l’écran, préférant se concentrer pour réussir à couper sa viande. A trois ans, ce n’était pas forcément facile. « Bonjour, aujourd’hui, les nouvelles sont graves. Nous avons appris que ce matin même.. » « Thana, ne mange pas avec les doigts ! » « … un attentat terroriste avait eu lieu dans le centre de la zone Gr40°N, touchant l‘immeuble de Hints and Co. » La mère arrêta sa fourchette à mi chemin entre sa bouche et son assiette. « Les coupables ont très vite été arrêté par la Surveillance car ils étaient depuis peu suspectés; malheureusement, l’immeuble visé a été entièrement détruit. » Des images d’un tas de ruines apparurent à l’écran, certaines bouchant les voies de communications. « De plus, on ne compte pour l’instant aucun survivant; l’explosion était très bien orchestrée. » Thana, conscient du soudain silence de sa mère, la regarda. Des larmes perlaient au coin de ses yeux, roulaient comme des gouttes de pluie sur ses joues devenues blanches. « Plus d’information au prochain bulletin. Du côté économique, rassurez vous, le prix de… » « Maman? ». La voix étranglée de l’enfant traduisait son malaise profond; il ressentait une grande douleur qui assaillait sa mère, mais ne savait pas d’où elle venait. « Maman? » La mère le prit dans ses bras, le serra le plus fort possible, murmurant « Oh, mon chéri », pleurant des larmes qui auraient pu être du sang tellement la douleur était grande. Lorsque enfin elle put contenir le flot d’amertume et de peine, elle regarda son fils. Ce n’était pas le sien d’ailleurs. Mais dans son cœur, il l’avait toujours été. Inspirant profondément, elle lui dit: « Mon chéri, papa est parti ».
Chapitre 3: - Spoiler:
Le temps a passé. Nous sommes en Octobre, et un vent chargé d’humidité balaye les rues où les piétons se pressent. On sent de l’orage dans l’air. Depuis l’attentat, et la mort du père de Thana, la mère a oscillé entre travail et dépressions nerveuses. Plusieurs fois arrêtée pour cure, elle était en ce moment en vacances, après une courte reprise. Elle avait en permanence les traits tirés, souvent les yeux rouges, et des cernes attestaient de son manque de sommeil. On pouvait voir une photo de son défunt mari, près de son lit. Elle en gardait pour l’instant le souvenir intact.
Thana, lui, suivait toujours l’école. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, ou du moins pas clairement; il savait juste qu’il ne verrait plus son père, et que sa mère pleurait. Cela s’en ressenti dans sa manière d’être; il restait parfois dans un mutisme quasi complet, les yeux dans le vague. Bien qu’il n’y ait que peu d’attente à un niveau scolaire si bas, son maître s’interrogeait sur cette baisse d’attention chez ce jeune garçon qui l’avait pourtant étonné dès le départ. C’est aussi à cette époque que Thana s’écarta des autres enfants. Lorsqu’ils l’appelaient pour venir jouer avec eux, Thana restait prostré dans son coin, la bouche à demi ouverte. Très vite ils se moquèrent de lui. Mais cela ne semblait pas le toucher. Cependant, Thana était toujours un enfant; et lorsque son anniversaire approcha, en même temps que Noël, il fut tout aussi excité qu’un autre. Son sourire se fit moins rare, il retrouva ces gestes et paroles que son maître trouvait précoces pour son âge; parallèlement, sa mère se mit elle aussi à aller mieux; bien qu’elle fut encore fragile, elle reprenait désormais les cours avec plus de régularité. Ses vacances de Noël furent presque les plus belles; le fils et la mère décorèrent le sapin ensemble, riant de leur maladresse à accrocher l’étoile au sommet; le lendemain matin fut acclamé à grand cris par Thana, qui déchira les emballages précipitamment. La suite de la journée vit pour la première fois depuis le triste jour des amis invités à manger. Et puis l’anniversaire de Thana arriva quelques jours après seulement, et l’enfant trouva encore de la joie à manger du gâteau, à faire presque ce qu’il voulait. Il avait quatre ans, quand même.
« Joyeux anniversaire ! » Le cri sortit d’une dizaine de petites bouches à la fois. Thana fêtait son anniversaire, ses amis étaient naturellement invités. La mère, attentionnée comme ne savent l’être que les mères, passaient au milieu de ses petits corps qui couraient, piaillaient, jouaient, en distribuant des bonbons si chimiques qu’ils n’auraient pu être digérés quarante ans en arrière. Un anniversaire est toujours joyeux, avec cadeaux, rires, gâteau et musique parfois. Celui de Thana l’était… Il courait dans l’appartement, suivi par une ribambelle de gamins en folie. « Maman! On va ouvrir mes cadeaux! « Si tu veux, mon chéri. » Alors, tout ce petit monde se dirigea vers le salon, riant de plus belle. Un beau soleil pour le mois de Décembre éclairait la pièce, malgré la couche de pollution. Thana commença à déchirer les papiers, enfant qu’il était. Il s’émerveillait chaque fois qu’apparaissait le jouet caché par l’emballage, et remerciait les enfants autour de lui. * Si douloureux… Ce point de pression omniprésent dans le ventre… Toujours là, toujours… Une sueur froide coulait sur le visage blanc de la femme. A pas chancelant; elle se dirigeait vers sa chambre… Bientôt, elle dût s’appuyer aux meubles qu’elle rencontrait. Les objets se renversaient sous sa main tremblante, le téléphone roula au sol après avoir été bousculé… Mais elle avançait. La douleur devenait lancinante, insupportable par sa force. La femme tomba à genoux, et avança à quatre pattes, laissant des taches humides sur le sol… * Alors que l’anniversaire bâtait son plein, Thana, un grand sourire aux lèvres, se retourna: « Maman, regarde ! » Un pli inquiet barra son front. * Plus de bruit… Ses oreilles n’entendaient plus rien que les battements de son cœur. Elle arriva à l’entrée de sa chambre. Plusieurs sillons se croisaient au milieu de la sueur de son visage: sang et larmes. Un cri resta coincé dans sa gorge. Pulsation. * « Maman? » Thana avançait dans le couloir; les bruits lui parvenaient comme assourdis par l’obscurité qui régnait ici. * La femme posa la main sur un petit meuble, où trônait une photo encadré. Pulsation. * « Maman? » En avançant, Thana vit sur le sol des traces humides, courant le long du couloir. * La photo était dans sa main… Enfin… « Mamaaannn ! » Pulsation. Un flot de sang sortit de sa bouche tâcha le meuble et tomba sur ses mains. Après quelques rauques halètements, la femme tomba de côté, la photo sur le cœur. Une petite main vint se loger sur les siennes. La tête retomba, inanimée; plus aucun souffle ne sortira de ses lèvres qui distribuaient tant de baiser, qui rassuraient lorsque venait l’heure de se coucher; les deux dernières larmes que pleureront ses yeux si doux coulent le long des joues où s’étiraient ce si beau sourire… Thana venait de perdre celle qu’il croyait être sa mère.
« - Jack , va voir pourquoi il y a autant de bruit dans le couloir! -Oui, oui, j’y vais! » Devant interrompre son émission, le dénommé Jack sortit sa tête dans le couloir. Un étrange spectacle l’accueilli: un enfant qui pleurait, qui hurlait, entouré de plusieurs autres enfants affolés; une porte ouverte, laissant entrevoir un petit vestibule bien rangé. « Oh ben ça alors! » Jack sortit complètement et s’approcha du petit groupe: « Et bien, qu’est ce qu’il y a? » Le petit garçon leva un regard plein de tristesse sur ce visage barré d’une épaisse moustache grise. Et puis l’enfant lui saisit la main, le tira, sans un mot, à travers l’appartement ouvert. Et l’emmena directement dans une chambre.
Chapitre 4: - Spoiler:
Un orphelinat. Gris, comme le ciel au dehors, d’un gris lourd, chargé de pollution. Cet orphelinat était situé en périphérie de ce qui était autrefois l‘Ukraine, limite à l‘Est de la Ville. Comme toute périphérie, les bâtiments étaient aveugles d’un côté, celui où, après un léger décalage, apparaissait un grand mur. Celui ci était immense, plus haut encore que les bâtiments qui le bordaient, et d’un noir mat qui lui conférait un aspect inquiétant. Il semblait extrêmement large, et tout ce qu’on pouvait en voir était lisse. Ce mur s’étendait bien plus loin que la vue ne le permettait. C’est dans cette orphelinat que Thana avait été transféré après la mort de sa mère adoptive, et ce mur fut la chose qui l‘intrigua le plus. Il avait désormais 15 ans. Ses cheveux laissés libres atteignaient ses épaules, développées par le sport intensif auquel il se livrait. Il mesurait désormais 1mètre 88, et si sa figure avait changé, ses yeux étaient méconnaissables: le bleu en était devenu glacial, et une sorte d’intelligence farouche s’y était installée. Son caractère était désormais établi: montrant une hostilité prononcée, il se tenait à l’écart des autres pensionnaires. Ceux ci avaient bien cherché à en faire une tête de turc, mais la fureur que Thana avait employé à démolir le meneur d’un groupe les avaient dissuadés de continuer. Bien que peu apprécié, plutôt détesté en fait, Thana jouissait d’un respect qui lui permettait de rester au calme. Ses heures libres, il les occupait donc à faire du sport: course, combat, athlétisme et même gymnastique, toutes les activités proposées par l’orphelinat y passait. Mais venait une heure où il délaissait le travail du corps pour le plaisir de lire. Une vieille bibliothèque accueillait régulièrement Thana. Celui ci, s’étant rapidement rendu compte que les livres mis sur un piédestal par tous ne valaient pas la peine d’être lu, décida de chercher plus loin. La bibliothécaire lui proposa un jour de se rendre dans les archives; celles ci étaient peu connues, car elles dataient d‘une époque que le bibliothécaire qualifia de révolue, et avaient été cachées. C’était ici que Thana passait son temps. D’une incroyable richesse et diversité, ces archives lui firent découvrir « les grands classiques », comme les avait appelés l‘homme qui avait conçu cette cachette: des philosophes grecs aux Lumières, des écrivains naturalistes au théâtre de l’absurde, tous les genres, policiers, thrillers, fantastiques, tous furent lu par le jeune garçon en manque d’idéal. De toute cette lecture se dégagea bientôt une obsession: qu’est ce que tout ceci voulait dire? Y avait il autre chose que le Ville? Tout avait il bel et bien disparu? Et son imagination débordante lui mit à l’esprit une envie dérangeante: celle de savoir ce qu’il y avait derrière le grand mur, qui ne comportait apparemment aucune ouverture. Cependant, cette envie fut repoussée.
Nous sommes en Octobre. Thana, pour une fois, ne se trouve ni à la salle de sport, ni à la bibliothèque. On a annoncé l’arrivée d’un nouveau pensionnaire, et tout le monde doit rester dans l‘orphelinat pour l‘accueillir. Mais Thana n’en a que peu d’intérêts. Il est encore seul, dans un coin, en train de lire. Il distingue quelques bruits annonciateurs lorsqu’il fait une pause dans sa lecture. Il s’y replonge peu après. * Les personnages venaient de connaître un grand succès. Cependant, l’homme dit à la femme: « Mais pourquoi es tu triste? » * Thana fut violemment tiré de sa lecture. « Dis, pourquoi es tu triste? ». En face de lui se tenait une petite fille, avec de longues boucles rousses et de grands yeux verts. Un pli apparut sur son front lorsque Thana, tout surpris, ne répondit pas.
« Ne lui parle pas, il va te mordre! » Celui qui venait de crier, c’était un de ceux qui haïssaient Thana. Mais un regard appuyé le fit taire. Alors Thana reporta son attention sur la jeune fille. Dix ans, tout au plus. « Tu ne m’a pas répondu », lui dit-elle. « Euh…Et bien… C’est que je… ». Thana ne savait où se mettre, la question le surprenant et le bouleversant.
« Alors, jeune fille, à peine arrivée, on se disperse déjà? Venez, je vais vous conduire à votre chambre. »
‘Sauvé par le gong’, aurait pu penser Thana si il avait connu l’expression. Mais le sentiment y était. Cependant, l’incident fut vite oublié: les cours reprirent, et Thana dut retrouver l’ennuyeuse professeur de mathématiques, qui débita des formules qu’il connaissait déjà, ayant parcouru en une nuit tous ses manuels. Car si Thana n’aimait pas ce qu’on lui enseignait, il pensait que mieux valait tout écouter et enregistrer. Ne sachant que faire de sa vie, plus il en saurait, mieux ce serait, pensait-il. Ainsi se déroulait sa vie. Cependant, le petit événement que représentait l’arrivée d’une jeune fille au pensionnat dans un si grand monde bouleversa une vie.
En effet, après cette première approche plutôt direct, la jeune fille revint avec précaution à l’assaut de la forteresse de solitude qu’avait érigé Thana. Et ce fût à l’heure du repas du lendemain qu’elle tenta sa chance. « Je peux m’asseoir? » fut sa question. Thana, finissant son livre, leva de nouveau vers elle un regard étonné. « Je…C’est que… « Merci! » répondit elle avec un sourire en prenant place à ses côtés. Thana était complètement déboussolé: même à son arrivée ici, alors qu’il n’avait pas encore de réputation, personne ne s’était montré aussi accueillant. « Tu n’es pas très bavard », fit elle. « Tu sais, je crois bien que l’orphelinat ne t’aime pas très bien. Tout le monde m’a mis en garde contre toi. Pourtant, tu n’as pas l’air méchant. » Voyant qu’il ne répondait pas, elle ajouta: « Ni autiste. » « Autistpfff! » s’écria Thana en s’étouffant avec la gorgée d’eau fade qu’il avait pris. La jeune fille éclata de rire, un son pure et mélodieux, qui rappela de vague souvenir à Thana. Finalement, il regarda la jeune fille. « -Comment t’appelles tu? - Lilia. Mais en fait, ce n’est pas mon vrai nom. Mes parents m’ont abandonné lorsque j’étais toute petite, et je ne l’ai jamais connu. C’est le nom que j’ai choisi. » Thana, surpris qu’elle parla de cet événement sur un ton aussi détaché, réfléchit quelques instants. « Quel âge cela te fait il? » demanda t-il finalement. « Tout juste treize ans. » La réponse le laissa perplexe. Il s’attendait à moins. Mais maintenant qu’il réfléchissait, cela semblait logique, au vu de sa façon de parler. Et du regard qu’elle posait sur les choses. Quelques minutes s’écoulèrent en silence. Puis, ayant finit, Lilia se leva. « -Par contre, une des choses que l’on dit sur toi au moins est vraie. -Et qu’est ce que c’est? » demanda assez froidement le garçon. « Que tu es mignon. » Thana ne pouvait le voir, mais le sourire de Lilia lui montait jusqu’aux oreilles. En revanche, un certain nombre de personnes le virent rougirent…
Le lendemain, Thana se rendit à la bibliothèque, ses cours finis depuis peu et ses devoirs déjà achevés. Il trouva le vieil homme qui s’occupait de l’endroit derrière le comptoir, dans un grand hall brillamment éclairé. Il se dégageait de cet endroit une étrange impression de calme. Le vieil homme l’interpella dès qu’il le vit: « Tiens donc, notre jeune visiteur… Vous venez encore fouiller à la recherche de quelque chose à lire? » Thana sourit: cet homme était vraiment gentil. « - Oui, j’ai fini celui que je vous avais emprunté… - Ah, mais je t’avais dit de ne pas les faire sortir d’ici! » Thana avait laissé échapper l’information sans s’en rendre compte, et les sourcils broussailleux se fronçaient maintenant avec sévérité. « Enfin… Tu es bien l’un des seuls à venir ici alors… Allez va, mais ne fais pas trop de bruit, au cas où quelqu’un viendrait. » Thana le remercia rapidement, puis prit le chemin de la cave où il trouvait de quoi passer son temps et rêver. Il poussa la lourde porte qui menait à un couloir sombre et peu utilisé, et celle ci, comme à son habitude, grinça. Puis il s’engouffra dans un escalier dérobé, et descendit les marches rapidement. Lorsqu’il éclaira la pièce en entrant, un sourire se dessina sur ses lèvres: les étagères de bois supportaient des masses confuses de vieux papiers, de journaux, et un peu plus loin apparaissaient les rayonnages remplis de livres, de gros tomes encore poussiéreux, de tout un monde. Il se dirigea vers ces derniers, et prit au hasard un volume. Il s’assit dans son coin, ce qui était devenu son coin, et commença la lecture. Les minutes défilèrent, et cela faisait bientôt plus d’une heure qu’il lisait lorsque, au détour d’une page, il découvrit un paquet de papiers jaunis. Intrigué, il retira doucement la ficelle qui nouait les pages, et les déplia soigneusement. Il découvrit une écriture passée et manuscrite qui courait sur toute la surface des trois feuilles qui composaient le paquet. Jetant un rapide coup d’œil à l’escalier et constatant qu’il était seul, il commença la lecture: « J’ai aujourd’hui 90 ans. C’est un âge assez commun désormais, mais j’estime ma vie assez longue pour la quitter sans regret. Je me sens pourtant l’obligation de vous parler, de vous raconter, qui que vous soyez. Je ne sais pas quelle année il sera, ni ce qui se sera passé d’ici que vous trouviez ces mots; mais je crois que rien n’aura changé. J’avais 10 ans lorsque est survenu le grand bouleversement. La vie jusque là avait été paisible: la population avait augmenté, et le monde connaissait encore quelques troubles mineurs, mais dans l’ensemble, tout allait bien. Et puis, cette année 2033 apporta le malheur. Le monde fut comme pris de folie: tremblements de terre, typhons, raz de marée; maladies nouvelles et incurables; prolifération des sauterelles qui ravageaient tout… On eut dit que la fin du monde était venu. En quelques mois, les villes étaient en grandes parties ravagées, les continents éventrés, et les populations à la fois affolées et affamées. »
Des pas retentirent soudainement au bas de l’escalier. Thana, sans trop savoir pourquoi, cacha les papiers dans le livre, et releva la tête. «- Dis donc, jeune homme, on oubli l’heure? - Et bien je… Oui, un peu. Est ce que je peux l’emmener? » Le bibliothécaire regarda un instant le livre que Thana lui montrait, puis secoua la tête: « - Je préférerais qu’il reste ici. Désolé mon petit, mais les règles sont déjà transgressées en étant ici, au milieu de tout cela, alors… - Je peux comprendre, ne vous inquiétez pas. » En reposant le livre, Thana n’eut pas le cœur d’emporter la lettre, et se promit de venir peu de temps après pour lire la suite.
Lilia et Thana étaient devenus très proche. Les cours les séparaient bien évidemment, mais ils passaient le plus clair de leur temps libre ensemble. Il était même fréquent que Lilia regarde Thana faire du sport, assise dans un coin, sans rien dire, les yeux fixés sur lui, et qu’elle l’accompagne de temps à autre à la bibliothèque. Il en était même ravi, mais ne pouvait pas lire la longue lettre en sa présence, et ce sans pouvoir se l’expliquer. Et jusqu’à maintenant, elle l’avait toujours accompagné depuis sa trouvaille. Ainsi, lorsqu’il se trouva enfin seul, il ressortit les feuilles et reprit sa lecture. « En quelques mois, les villes étaient en grandes parties ravagées, les continents éventrés, et les populations à la fois affolées et affamées. Au milieu de ce chaos, les gouvernements ne pouvaient pas grand chose, et bientôt la peur prit le dessus: des guerres civiles éclatèrent et déchirèrent les états, ajoutant à la folie de ce monde. Moi, trop jeune, je subissais et attendait, voyant mon père revenir avec quelques aliments, parfois rien, souvent blessé…Ce fut une année horrible, et la nature continuait de se déchaîner. Et puis, en 2034 apparurent cinq hommes. On ne savait ni d’où ils venaient, ni qui ils étaient, mais ils furent les seuls à tenir un discours rassurant. Les promesses de nos dirigeants ne suffisaient plus, nous voulions du concret; ils en proposèrent. Leur volonté était de rassembler tous les Hommes -donc tous les êtres humains de cette Terre…- au même endroit, dans un même pays, car ainsi nous saurions où apporter de l’aide, nous serions plus à l’abri - en réduisant la surface sur laquelle nous vivions ils voulaient réduire les chances d’être touchés par les catastrophes naturelles, et nous pourrions tous nous épauler. Les gens se rallièrent immédiatement à ces cinq hommes, qui, il faut le dire, étaient charismatiques. Mais un problème subsistait: où allions nous nous rassembler? Personne n’était d’accord: les chinois restaient en Chine, les américains prônaient leur pays comme le plus adapté… Mais ceux qui seraient surnommés plus tard Les Sauveurs ne se démontèrent pas: ils lancèrent un appel universel à les rejoindre, pour le salut de l’humanité. Immédiatement, des migrations s’organisèrent. Ils avaient décidé que l’Europe serait le point de départ, alors elle le fut. Devant de tels mouvements de population, les gouvernements n’hésitèrent pas longtemps, et c’est comme cela que nous nous retrouvâmes, nous tous les survivants, rassemblés en un même endroit. »
Thana fit une pause. Cette lettre racontait en fait ce qui s’était passé… Avide de connaître la suite, Thana se concentra à nouveau sur la lettre, dans la lumière tremblotante de la cave. « Les débuts furent extrêmement durs: bien que diminuée, la population mondiale concentrée en un même endroit restait immense. De la France à la Roumanie, les réfugiés s’entassaient. Partout les gens priaient, et attendaient que les Sauveurs agissent. Ce qui fut fait… Jamais on ne connut un tel déploiement d’énergie: cinq décidèrent que les états n’avaient plus autorité, et ils créèrent leur propre gouvernement, le Gouvernement Planétaire, qui serait celui de tous les rescapés. Et une fois au pouvoir, ils décidèrent que tous devaient travailler pour la reconstruction, sans penser au bénéfice; alors, pour la première fois depuis longtemps, l’humanité éprouvée travailla main dans la main, et les immeubles poussèrent, et d’immenses fermes couvertes furent construites. Bientôt le monde calma ses assauts, et les hommes trouvèrent un remède contre les maladies apparus il y avait deux ans… Je me souviens y avoir participé activement. Tous nous l’avons fait. En dix ans, tous étaient logés. En vingt, la nourriture était abondante, les gens soignés. En trente, le Mur construit et, en quarante, l’Extérieur oublié. Car bien qu’ayant fait leur travail, et à la perfection, les dirigeants, les Sauveurs, ceux là prirent goût au pouvoir. Et bien que la sécurité soit primordiale, elle devint étouffante. Les gens ne s’en rendaient pas compte; il faut dire aussi que peu de ceux qui avaient connu le monde avant le grand bouleversement vivaient encore. Le Mur est la pire des choses qui soient arrivées: il nous coupe de la nature. Vous ne verrez plus un brin d’herbe maintenant; seul le béton pousse par ici. La nourriture devient fade, et les gens s’enveloppent dans une routine toujours plus triste. Dans leur volonté de créer un monde parfait, ils ont commencé à créer une prison: tout est contrôlé, les naissances, le travail; partout des caméras… Rien ne leur échappe. Ce régime qui était autrefois un grand baume pour le monde se change en aliénation des gens. Alors, qui que vous soyez, vous qui lisez ceci, tentez de changer les choses. La vie aujourd’hui pourrait se résumer ainsi: la vie est la Ville. La Ville est la vie. L’humain n’existe que lorsque que le risque existe. Je ne sais pas comment la succession s’est organisé au pouvoir, mais une chose est restée la même: ils éliminent ceux qui, comme moi, se rappellent. Je vais donc finir cette lettre, la cacher dans un livre, clore le passage qui y mène, et espérer.
V. Tralan
La lettre s’achevait ainsi, sur cette signature vieille de plusieurs décennies. Thana était troublé. Ce que ce Tralan avait décrit avait il existé? Il savait qu’il ne verrait plus jamais les choses sous le même angle, et l’envie de découvrir ce qui se cachait derrière le Mur- il y pensait comme cela maintenant qu’il avait lu cela- le taraudait. Lorsqu’il sortit, le bibliothécaire lui demanda si il allait bien, et Thana se rendit compte qu’il était pâle comme jamais. En débouchant sur la rue, le vent le surprit, et la lumière grise qui régnait en automne lui fit mal aux yeux. Puis il promena son regard autour de lui: les immeubles l’encadraient, silencieux, alors que les trains magnétiques passaient à une vitesse effrénée partout autour. Pour la première fois, il trouva cela moche.
Mais lorsqu’il rentra à l’orphelinat, une personne l’attendait, et sa lecture lui sortit momentanément de la tête. Lilia était la seule amie qu’il ait, et il commençait à prendre goût à sa simple présence et à regretter son absence.
Ce fut en Octobre que leur amitié se renforça. Seule dans la rue, Lilia rentrait d’une courte sortie lorsqu’elle fut abordé par un groupe de cinq personnes. Elle reconnut immédiatement une des bandes qui cherchait à faire tomber Thana. « Eh, mais on dirait bien la copine de l’autre abruti! Alors, comme ça on se promène sans son chien? C’est pas très gentil de le laisser chez toi! » Elle essaya de passer sans prêter attention aux provocations, mais ils la saisirent et commencèrent à la tirer vers une des nombreuses ruelles qui jouxtaient l’orphelinat. Alors qu’elle se débattait, son manteau lui fut arraché. « Oh, mais c’est qu’elle est jolie en plus! ». Les ricanements de ses amis inquiétèrent la jeune fille plus encore que leur violence. Alors qu’ils commençaient à l’acculer dans un coin, elle pensa seulement à Thana, et pria pour qu’il arrive.
Celui ci était en train de finir son jogging journalier, lorsqu’il passa devant une ruelle obstruée par un garçon de son âge. Il le reconnut aussitôt, et l’autre de même. L’air surpris se changea en inquiétude sur le visage de Rodolphe, un grand échalas maigrichon qui jouait pour le coup le rôle de sentinelle. Le poing de Thana s’écrasa sur sa joue gauche avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Puis son genou remonta et percuta son estomac, lui coupant le souffle. Pour finir, les deux poings rassemblés de Thana frappèrent le cou du garçon, qui tomba, inconscient. Il haïssait suffisamment Rodolphe pour frapper sans réfléchir si il en avait l’occasion. « Que faisait il ici, lui qui ne s‘éloigne jamais de l‘orphelinat? Ni de ses amis d‘ailleurs… Bah, sûrement une coïncidence. » Il allait reprendre sa course lorsque son instinct lui dicta de s’arrêter. Des bruits étouffés provenait de la ruelle. Il s’engouffra à l’intérieur, et après un léger virage, découvrit la scène: quatre gaillards entouraient une fille, qui se débattait mais ne criait pas. Thana fonça, silencieux et souple. Les mouvement lui vinrent, fluides et efficaces, résultat du travail fournit lors de ses nombreux cours d’arts martiaux. Il attrapa un des garçons par le col et l’envoya rouler au loin, alors qu’il frappait déjà du plat de la main dans les côtes d’un autre, qui poussa un cri bref. Les deux autres, se rendant compte que la situation avait évolué, voulurent attaquer. Thana se glissa au milieu de leurs coups maladroits, et se retrouva dans leur dos, entre eux et la jeune fille. Il l’entendit remuer, rassemblant ses affaires. « Surtout, ne bougez pas, ne courez pas, sinon je ne pourrais pas forcément vous aider. », lança t-il d’une voix basse et rauque. Les autres s’étaient rassemblés et, découvrant qui les attaquait, furent pris de fureur. Mais Thana devança leur assaut. Un coup de pied fouetté percuta le menton de Romain, le meneur, qui tomba au sol. Alors qu’il touchait terre, Thana se baissa, passant sous le poing de son adversaire, et il remonta en un fulgurant uppercut qui toucha sous l’aisselle; il enchaîna par un coup du tranchant de la main dans le cou. L’autre s’effondra comme une poupée de chiffon. Un coup de pied atteignit Michael, le plus costaud de la bande, dans l’abdomen; un second dans l’estomac. Thana virevolta et se retrouva devant le dernier debout: son poing frappa dans le ventre, son coude brisa une arcade sourcillère. Enfin, il exécuta une balayette qui renversa son adversaire. Légèrement essoufflé après cette effort, Thana posa les mains sur les genoux pour récupérer. C’est alors qu’il entendit une voix l’appeler: « Thana?… » En levant les yeux, il vit enfin qui était la jeune fille: Lilia, tremblante, les larmes aux yeux, était debout, et le regardait. Il se redressa, constatant que le coup qu’il avait reçu dans le dos et crut pouvoir ignorer était finalement douloureux.
Il se passa deux petites secondes avant que Thana n’esquisse vers elle un pas. Il n’eut pas le temps d’aller plus loin, car elle se jeta dans ses bras, laissant enfin couler les larmes qui formaient des perles parfaites sur le grain fin de sa joue.
« Ca a été juste ». L’après midi touchait à sa fin, et malgré le froid du mois d’Août, des rayons de soleil venait réchauffer la petite pièce qui servait de chambre à Thana. Assis sur le lit, les deux adolescents étaient juste rentrés. Après la rixe qui datait de trente minutes à peine, ils n’avaient pas voulu se séparer. Enfin, Lilia n’avait pas voulu rester seule. C’était Thana qui avait prit la parole. La jeune fille, pour une fois, n’arborait plus cet air de tranquille malice qui était habituellement la sienne. Elle semblait songeuse. « Sais tu pourquoi ils s’en sont pris à toi? » Silence. « Simplement parce que j’ai vu ce que personne n’a vu. » La réponse n’était pas celle que Thana attendait, même si il pensait comprendre ce qu’elle voulait dire. «- Tu sais… Juste avant que tu n’arrives, je ne voyais pas du tout comment m’en sortir. Je me suis juste dit que j’aimerais que tu sois là. Et tu es venu. - Je ne voudrais pas te décevoir, mais c’est un simple coup du hasard… - Je ne suis pas sur… Je t’ai appelé, tu es venu. Je crois en toi », dit elle en se retournant, et son regard n’avait rien de celui de quelqu’un qui plaisante. « Tu peux faire de grandes choses, ou du moins apporter du bon autour de toi » Thana partit d’un rire amer: «- Tu dois te tromper; je suis un juste un pauvre gars qui a perdu ses parents très jeune. - Comme nous tous ici, ne l’oublie pas. » Le ton et la teneur de la réponse lui fit lever les yeux, qui plongèrent dans un océan d’émeraude, seulement délimité par un blanc pur et de grands cils. C’est alors que la porte s’ouvrit. « Thana, vous êtes attendu chez le directeur. Rodolphe, Michael, cela doit vous rappeler quelque chose, non? »
Son regard, qui s’était détourné un instant, se reporta sur Lilia. Mais elle regardait, par la fenêtre, le soleil agonisant dans un ciel déchiré.
Il sortit.
Chapitre 5: - Spoiler:
« Une punition exemplaire, hein. Inadmissible de frapper des élèves… Ce n’est nullement possible qu’ils aient fait ça… » Thana ressassait les phrases que le directeur lui avait crié, montrant les cinq élèves ‘victimes’ de sa brutalité naturelle. Il avait bien pensé que cela lui jouerait des tours un jour. Pour l’instant, seule l’image de leurs sourires goguenards lui restait. Et une autre. Mais il ne voulait pas y penser. Il fourra rageusement des habits dans son sac de sport. Ils le trouvaient pénible? Et bien, il disparaîtrait. Sans un bruit malgré la colère qui bouillonnait en lui, il franchit la porte. La nuit était profonde dans l’établissement endormi. Il se faufila dans le couloir qu’il connaissait si bien, suivant le même chemin que lors de ses nombreuses excursions nocturnes. Même si la Ville ne dormait jamais, il trouvait cela plus reposant, un peu plus agréable aussi. Pour l’instant, il avançait, tous ses sens en éveils. Il passa devant une porte close, et il fit un effort pour ne pas s’arrêter. Mais après quelques pas, il se retourna, abandonna son sac, et veillant à ce qu’elle ne grince pas, ouvrit la porte. Au bout de quelques minutes passées à tâtonner dans le noir, il trouva enfin ce qu’il cherchait. Il s’arrêta sur le seuil d’une autre porte désormais ouverte, et contempla la forme allongée dans le lit. Il resta plusieurs minutes, fixant dans sa mémoire la silhouette vaguement distincte dans la faible lueur qui transperçait les rideaux, l’odeur, si particulière. Puis il se détourna, un pincement au cœur.
La porte se referma derrière Thana. Alors, les yeux grands ouverts, Lilia laissa échapper les larmes qu’elle avait retenu tout le temps qu’il avait passé là, à la regarder, croyant qu’elle dormait…
La porte se referma derrière Thana. Il était passé inaperçu dans le hall, malgré le veilleur de nuit. Une fois dans la rue, son sac à la main, il se dirigea immédiatement vers un des supermarchés qui pullulaient dans la Ville, proposant les produits fabriqués artificiellement dans les gigantesques fermes robotisées. Il acheta de quoi tenir plusieurs jours, puis ressortit. Alors qu’il piochait déjà dans ses réserves, il se demanda où il pourrait aller. Marchant au hasard, il leva les yeux vers le ciel: les étoiles brillaient au travers d’une couche de nuages trop épaisse pour être entièrement naturelle, et fournissaient un spectacle que peu de gens prenaient la peine d’apprécier. Les rues étaient relativement calme à cette heure ci, mais les trains magnétiques sillonnaient encore la Ville de long en large. Soudain, le ciel disparut à sa vue, et il baissa progressivement les yeux sur la silhouette massive du Mur. Inconsciemment, son désir de voir ce qu’il y avait au delà avait guidé ses pas vers ce lieu, limite infranchissable. Était ce seulement certain, d’ailleurs? Durant son chemin inconscient, il avait bien sur pensé à ces révélations énigmatiques. Il se demandait d’ailleurs si c’était le hasard qui l’avait poussé à prendre ce livre là. Il était jeune, et il se plaisait à imaginer qu’il pourrait être le sauveur de l’humanité. Toujours immobile devant le mur, Thana remarqua que malgré son aspect lisse, le Mur souffrait des ravages du temps et que l’entretien devait être moins fréquents que ce qu’il pensait. Des prises apparaissaient ça et là. Et Thana pratiquait l’escalade depuis qu’il était arrivé à l’orphelinat. S’assurant que son sac ne tomberai pas, il s’engagea là où il pensait avoir les meilleures chances de réussites. Il commença en douceur, préférant ne pas se fatiguer pour rien, le Mur était quand même très haut. Ses doigts trouvant toutes les aspérités du mur malgré la pénombre, son ascension n’en était pas moins lente. Au bout d’une vingtaine de minutes, même sa souplesse ne compensait plus complètement la difficulté de la montée. Et il n’était qu’à la moitié, grâce à un coup de chance qui lui avait conféré de nombreuses prises. Lorsqu’il eut dépassé de quelques mètres le milieu du Mur, il se rendit compte que la partie supérieur était en bien moins bon état, offrant ainsi des prises plus larges. Il se sentit mieux, car l’éventualité de ne pas arriver au bout lui avait traversé l’esprit. Sans compter la descente… Ainsi, il grimpait toujours, ses muscles jouant sous ses deux épaisseurs de vêtements. Bloqué un temps, il remarqua une prise sur sa droite, légèrement en dessous de ses côtes; sa jambe se plia, son pied se cala sur cette aspérité saillante, et il poussa. Alors qu’il arrivait à la fin de son mouvement, la pierre céda. Il lui sembla flotter en l’air pendant quelques instants, puis le vide l’attira. Devant ses yeux, fixés droit devant lui, passa une des lézardes qu’il avait utilisé pour se hisser. Instinctivement, il jeta sa main dans la fissure. Le choc manqua de lui démettre l’épaule, et la douleur remonta jusque dans ses doigts, lui arrachant un cri de souffrance. Rapidement, il s’assura une prise plus grande et tenta de reprendre son souffle. Cette montée n’avait rien à voir avec ce qu’il avait pratiqué avant. Question de vie ou de mort à chaque instant, la tension faisait palpiter les veines de ses tempes, et sa transpiration glacée lui coulait le long du dos. Il examina sa main, et constata qu’elle saignait. Abondement. Alors, courageusement, il reprit sa progression, ses doigts engourdis cherchant à tâtons des prises. Désormais prudent, il n’avançait qu’en étant sur de ses prises. Lorsqu’il arrivait au fait du mur, la nuit commençait à s’éclaircir. Le jour se lèverait dans quelques heures, quatre tout au plus. Le mur, épais d’un mètre à son sommet, offrit à Thana un repos bien mérité. Il commença par examiner sa main: écorchée à plusieurs endroits, l’un de ses doigts le faisait atrocement souffrir. Cassé, certainement. Il fouilla dans son sac, à la recherche d’un possible bandage; ne trouvant rien, il sacrifia un de ses tee-shorts pour arracher une bande assez longue; il appliqua quelques mouchoirs sur la blessure, transforma sa bande de tissu en une bande enveloppant deux doigts et maintint le tout par un nœud. Puis il mangea pour tenter de regagner des forces. C’est alors qu’il constata qu’il était frigorifié: à cette heure et à cette altitude, le vent soufflait en continu et devenait mordant rapidement. Malgré cela, et son inquiétude sur sa position, il s’allongea, et plongea dans un demi sommeil rythmé par le bruit de la Ville. Lorsqu’il s’éveilla, le soleil se levait. Les yeux encore embués, il regarda la Ville, qui gagnait en activité. Dans une heure, ce serait une véritable fourmilière, bruissant incessamment, avec ses milliards d’habitants… Puis son regard se posa sur l’autre côté. Ses yeux devinrent ronds, prêts à lui sortir de la tête. Très vite, sa contemplation se mua en frénésie, et il entama sa descente comme si il venait de dormir des heures dans un bon lit…
Quelque part sur l’Océan Atlantique, 7H55: Une pièce, sombre. Sur un mur, une porte, à peine discernable. A sa gauche, un bureau, plongé dans l’obscurité; en face, un écran , seule source de lumière de la pièce. Sur cet écran, on voit le contour d’une silhouette. Elle prend la parole: « Monsieur, un à réussi à nous échapper. Ce matin, il avait disparu. Notre agent sur place aurait du se méfier, mais il avait été appelé ailleurs, et est arrivé trop tard. La dernière fois qu’il a été enregistré, c’était à la sortie d’un supermarché. Je vous envoie les coordonnées. Nos équipes travaillent à le retrouver. » L’écran de l’ordinateur posé sur le bureau s’alluma, révélant une personne jusqu’ici dans l’ombre. Des informations cryptées défilaient alors que la communication s’achevait. « Ainsi, le premier à nous échapper vient de là bas, hein… » La personne se détourna. Sur l’écran, la zone Uk40°N se découpait nettement…
8H30, orphelinat de Winderland: Tous les pensionnaires s’étaient massés dans le hall à la demande du directeur. Celui ci était apparu sur un grand écran installé il y avait peu, et s’adressait aux enfants depuis son bureau. « … Ainsi soupçonnons nous le dénommé Thana d’avoir fugué. Toutes les informations que vous détenez seront les bienvenues. » Le groupe que Thana avait croisé hier fut le lieu d’un échange intense de regards. Puis Romain prit la parole, s’adressant directement à un des membres du personnel de l’établissement: « Vous devriez demandez à la rouquine, c’est la seule qui ai pu approcher ce fou. » Dans la foule, Lilia sentit les regards se poser progressivement sur elle, au fur et à mesure que l’adulte avançait vers elle. Alors, elle fut prise d’angoisse. Cette fois, Thana ne viendrait pas, elle en était sur.
Quelque part sur l’Océan Atlantique, 8H45: Même scène que tout à l’heure, mis à part que l’homme qui était derrière son bureau joue désormais le rôle de l’informateur. Et il ne parle non pas à un, mais à cinq personnes. « Comme je vous le disais, cet événement révèle une faille dans notre système, et c’est pourquoi je vous demande d’examiner avec soin le dossier que vous avez reçu, car il contient la clé d’un meilleur future. » Il fit une pause. Moment crucial, le projet tant soupesé allait sûrement être mis en place. « Un monde où chacun devra être à sa place. »
Le reste de la conversation s’éteignit lorsqu’une porte de communication se referma.
C'est un peu petit par contre, et ne respecte pas la mise en page que j'avais initialement conçu, mais bon. Enjoy. | |
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